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la ressemblance est justement en ceci, que chacun des arts, renonçant à toute règle abstraite, suit seulement les lois des sensations qui lui sont propres, et que, par suite, la peinture devient plus picturale, la poésie plus poétique et la musique plus musicale ; un poème symphonique de Claude Debussy n’imite donc en rien le rythme et les assonances de Stéphane Mallarmé ; de même que ses paysages et ses décors sonores ne procèdent ni de Monet ni de Whistler. Il fait à sa manière ce que ce que ces illustres contemporains obtiennent par leurs procédés. Outre cette différence spécifique, il y a encore celle de son style, beaucoup plus achevé qu’il n’était d’usage parmi les symbolistes et les impressionnistes. Il doit cet avantage au caractère même de son art. Mais parler de son art, c’est encore parler de lui-même, qui le crée, et la musique ici ne se distingue pas du musicien.

La musique est l’art symboliste par excellence, puisqu’elle ne représente les mouvements, les formes et les couleurs que par le moyen de sons, c’est-à-dire de sensations auxquelles on peut n’attacher aucune signification conventionnelle, et qui, n’ayant pas de rapport direct aux objets, suggèrent tout sans rien montrer. Et elle a aussi des facilités particulières pour l’impressionisme : ce qui fut senti en un instant risque moins d’être altéré par une transposition que