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par une reproduction, qui incite au contrôle et veut être fidèle. Il n’est pas sans exemple que la musique ait réalisé, mieux que les autres arts, une commune ambition. Le chant grégorien a des grâces également inconnues à la poésie, desservie par la langue, et au dessin encore raide. Roland de Lassus et Costeley sont bien plus maîtres de leurs voix associées que Ronsard de ses phrases ; et Rameau ouvre au xviiie siècle un rêve de galante innocence où Watteau s’avance aussi, mais dont les froids poètes du temps restent bien éloignés. Il est possible que de même Pelléas et Mélisande soit le chef-d’œuvre du symbolisme, et les Nocturnes celui de l’impressionnisme. Ce qui est certain, c’est que toujours la musique de Claude Debussy a conféré un surcroît de beauté aux poèmes qu’elle a illustrés. Elle a adouci les duretés de Baudelaire, éclairci la préciosité de Maeterlinck, réparé les incohérences de Verlaine, fixé le caprice léger du poète Claude Debussy. Partout elle a su écarter la vanité des mots, pour aller jusqu’au sentiment, et lui donner la traduction qui seule ne le trahissait pas. Partout elle a découvert ce que l’écrivain n’avait pu que laisser entrevoir, et, par elle, le poème a trouvé sa perfection.