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Une simplicité supérieure lui est donc accessible. Il est de fort beaux poèmes symboliques ; il n’en est presque point qui ne trahisse quelque recherche, parce que les images les plus vives y sont rapportées sur le tissu logique des phrases, et n’y ont pas levé d’elles-mêmes. Un peintre a besoin d’un grand effort, s’il ne veut pas entrer en lutte avec la nature, pour la richesse des nuances, faisant montre ainsi d’une virtuosité qui détourne sur lui l’admiration, au détriment de l’œuvre. La musique ne s’inspire que de l’émotion que les objets lui donnent. C’est cette émotion qui lui livre le secret de leur existence ; lorsqu’elle le possède, elle imite sans effet les mouvements de la pensée, comme aussi l’ondulation des nuages et le frisson des eaux : car elle est devenue, par la force de son amour, pareille à la pensée, aux nuages, à la fontaine. Tant qu’elle n’est pas parvenue à cette communion, elle se tait ; sa sympathie éveillée, tout lui devient naturel, et elle s’oublie.

Elle ignorera donc l’industrie ; elle rendra même à leur naïveté première des sentiments que le poète n’a atteints que par un raffinement d’esprit, et en forçant son talent. Ainsi la Damoiselle élue, si préoccupée, chez Rossetti, de ses poses, s’abandonnera à toute la grâce de son innocence. Ainsi Pelléas,