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Page:Claudel - Le Pain dur, 1918.djvu/82

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Louis

Que vous a-t-il proposé ?

Lumîr

Il a mis son bras à mon service et m’offre de se faire le général et l’homme d’affaires de la Pologne.

Louis, riant aux éclats.

Ah ! ah ! ah !

Lumîr

N’est-ce pas, c’est drôle ?

Louis

Le plus grand coquin a dans son cœur un stock des plus nobles sentiments,

Dont il regrette de n’avoir jamais pu se servir. C’est comme neuf.

Lumîr

Croyez-vous que je sois incapable de m’en servir ? Qui sait ?

Entre un vieillard et une jeune fille, la partie n’est pas égale. Je n’ai qu’à lui sourire d’une certaine manière que j’ai essayée et je vois qu’il la connaît.

Un vieillard et une jeune fille ! des mains aussi fortes et délicates que celles de la mort.

Louis

Ainsi, mon père m’a tout pris et maintenant, il me prend ma femme !

Lumîr

Vous n’aviez qu’à la défendre.

Louis

Voyons, Lumîr, c’est ridicule !