Ici le monde s’arrête.
Mon frère, mon père ! Tous deux sont morts et je reste seule, une même chose avec eux.
C’est vous-même que je veux épouser et non point votre frère et votre père.
Je ne suis pas distincte. Mon père avec nous ! Ses bras autour de moi et ma tête sur son épaule !
Je n’ai pas eu d’autre patrie que lui ! Son visage, ses yeux, son grand dénuement.
Ces larmes que j’ai vu couler, cette sublime colère comme sur le champ de bataille, son cœur avec celui de son enfant !
Et cet argent, mourant de faim, auquel il ne touchait pas, ce trésor de la patrie, sous sa veste râpée, cette suprême poignée de terre à nous, est-ce que je la laisserai périr ?
Je ne fais qu’un avec lui ! Qui me prend, il nous prend tous ensemble !
Quelle autre patrie que dans les yeux de mon père quand il me tenait ainsi serrée contre lui ?
Je reste seule.