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claudine à l’école

geaient, qui tiraient l’œil, et me donnaient déjà trop l’air d’une jeune fille ; la vieille école tombait en ruines ; quant à l’institutrice, la pauvre bonne Madame X, quarante ans, laide, ignorante, douce, et toujours affolée devant les inspecteurs d’académie, même devant les inspecteurs primaires, le docteur Dutertre, délégué cantonal, avait besoin de sa place pour y installer une protégée à lui. Dans ce pays, ce que Dutertre veut, le ministre le veut.

Pauvre vieille école, délabrée, malsaine, mais si amusante ! Ah ! les beaux bâtiments qu’on construit ne te feront pas oublier[1].

Les chambres du premier étage, celles des instituteurs, étaient maussades et incommodes ; le rez-de-chaussée, nos deux classes l’occupaient, la grande et la petite, deux salles incroyables de laideur et de saleté, avec des tables comme je n’en revis jamais, diminuées de moitié par l’usure, et sur lesquelles nous aurions dû, raisonnablement, devenir bossues au bout de six mois. L’odeur de ces classes, après les trois heures d’étude du matin et de l’après-midi, était littéralement à ren-

  1. Le nouveau « groupe scolaire » pousse depuis sept ou huit mois, dans un jardin avoisinant acheté tout exprès, mais nous ne nous intéressons guère, jusqu’à présent, à ces gros cubes blancs qui montent peu à peu ; malgré la rapidité (inusitée en ce pays de paresseux) avec laquelle sont menés les travaux, les écoles ne seront pas achevées, je pense, avant l’Exposition. Et alors, munie de mon Brevet élémentaire, j’aurai quitté l’École, — malheureusement.