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claudine à l’école

rougis bêtement. Il me regarde trop, aussi ! Et je devine Mlle Sergent qui se crispe derrière nous.

— Dors-tu toute la nuit ?

J’enrage de rougir davantage en répondant :

— Mais oui, Monsieur, toute la nuit.

Il n’insiste pas et se redresse en me lâchant la taille.

— Bah ! tu es solide au fond.

Une petite caresse sur ma joue, puis il passe à la grande Anaïs qui sèche sur son banc.

— Montre-moi ton cahier.

Pendant qu’il le feuillette, assez vite, Mlle Sergent foudroie à voix basse la première division (des gamines de douze et quatorze ans qui commencent déjà à se serrer la taille et à porter des chignons) car la première division a profité de l’inattention directoriale pour se livrer à un sabbat de tous les diables ; on entend des tapes de règles sur des mains, des gloussements de gamines qu’on pince ; elles vont se faire orner d’une retenue générale, sûr !

Anaïs étrangle de joie en voyant son cahier dans de si augustes mains, mais Dutertre la trouve sans doute assez peu digne d’attention et passe, après quelques compliments et un pinçon à l’oreille. Il reste quelques minutes près de Marie Belhomme dont la fraîcheur brune et lisse lui plaît, mais, tout de suite affolée de timidité, elle baisse la tête comme un bélier, répond oui pour non et appelle Dutertre « Mademoiselle ». Quant aux deux