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claudine à l’école

en criant. Je cherchais à la secourir, mais Antonin Rabastens me retenait, vêtu de rose tendre, et m’arrêtait par le bras en disant : « Écoutez, écoutez donc, voici une romance que je chante, et j’en suis vraiment ravi ». Alors il barytonnait :

Mes chers amis quand je mourrai,
Plantez un sole au cimetière…


sur l’air « Ah ! qu’on est fier d’être Français, quand on regarde la colonne ! » Une nuit absurde et qui ne me repose guère !

J’arrive en retard à l’école et je considère Mlle Sergent avec une surprise secrète de penser que cette audacieuse rousse a réussi. Elle me lance des regards malicieux, presque moqueurs ; mais fatiguée, abattue, je n’ai pas le cœur à lui répondre.

À la sortie de la classe, je vois Mlle Aimée qui aligne en rang les petites (il me semble que j’ai rêvé la soirée d’hier). Je lui dis bonjour en passant ; elle a l’air lasse, elle aussi. Mlle Sergent n’est pas là ; je m’arrête :

— Vous allez bien, ce matin ?

— Mais, oui, merci. Vous avez les yeux battus, Claudine ?

— Possible. Quoi de nouveau ? La scène n’a pas recommencé ? On est toujours aussi aimable avec vous ?