Page:Claudine a l'Ecole.pdf/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
claudine à l’école

Elle rougit et perd contenance :

— Oui, oui, il n’y a rien de nouveau et elle est très aimable. Je… je crois que vous la connaissez mal, elle n’est pas du tout comme vous pensez…

Écœurée, un peu, je la laisse bafouiller ; quand elle a bien emmêlé sa phrase, je l’arrête :

— Peut-être est-ce vous qui avez raison. Vous viendrez mercredi, pour la dernière fois ?

— Oh ! certainement, je l’ai demandé, c’est une chose assurée.

Comme les choses changent vite ! Depuis la scène d’hier soir nous ne nous parlons déjà plus de la même façon, et je n’oserais pas aujourd’hui lui montrer le chagrin bruyant que j’ai laissé voir hier soir. Allons ! Il faut la faire rire un peu :

— Et vos amours ? Il va bien le beau Richelieu ?

— Qui donc ? Armand Duplessis ? Mais oui, il va bien ; il reste quelquefois deux heures dans l’ombre, sous ma fenêtre ; mais hier soir je lui ai fait comprendre que je m’en apercevais, et il est parti vite, sur ses jambes en compas. Et quand M. Rabastens a voulu l’amener avant-hier, il a refusé.

— Vous savez, Armand est sérieusement emballé sur vous, croyez-moi ; j’ai entendu une conversation entre les deux adjoints, dimanche dernier, par hasard, sur une route, et… je ne vous dis que ça ! Armand est très pincé ; seulement, tâchez de l’apprivoiser, c’est un oiseau sauvage.