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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/238

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chap. iv. — proportion des armes.

de la cavalerie imposaient naturellement des limites aux effectifs de cette arme, et tout ce qu’on ne pouvait par suite y faire entrer devait forcément, sous peine de rester inutile, être versé dans l’infanterie, sans que la moindre idée de proportion concourût à cette augmentation de l’effectif des troupes à pied. Il est certain, par contre, que s’il eût été possible d’élever l’effectif de la cavalerie en raison de la valeur intrinsèque qu’on accordait alors à cette arme, on n’aurait jamais redouté de la faire trop nombreuse. C’est ainsi que nous nous expliquons comment il se fait que, depuis cette époque et malgré la diminution constante du rôle de la cavalerie, cette arme ait néanmoins conservé une assez grande importance pour s’être toujours maintenue sensiblement dans la même proportion numérique.

Et, dans le fait, n’est-il pas remarquable que, pour le moins depuis la guerre de la Succession d’Autriche, le rapport de la cavalerie à l’infanterie n’ait pas varié, et se soit constamment maintenu entre 1/4, 1/5 et 1/6 ? On pourrait vouloir déduire de là que cette proportion répond aux besoins réels, et qu’ainsi, par suite de l’expérience et de la pratique, se sont manifestés des chiffres qu’il eût été impossible de fixer directement par le raisonnement. Pour nous, cependant, nous doutons qu’il en soit ainsi, et nous croyons trouver dans l’étude de l’histoire des faits remarquables qui nous autorisent à attribuer à d’autres motifs l’usage d’une cavalerie nombreuse.

La Russie et l’Autriche contiennent encore dans leur constitution d’État des fragments d’organisation tartare, et, par suite, sont portées d’instinct à avoir une nombreuse cavalerie.

Bonaparte, dans les vastes projets qu’il poursuivait, ne pouvait jamais à son gré disposer de forces assez