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chap. xiv. — de l’alimentation des troupes.

compte qu’en portant de 2 milles à 3 (de 15 à 21 kilomètres) l’étendue du front de marche d’une colonne, on donne aussitôt à la surface occupée par les troupes une superficie plus de deux fois plus grande, puisque cette superficie qui n’était tout d’abord que de 4 milles carrés (220 kilomètres carrés) s’étend aussitôt à 9 milles carrés (495 kilomètres carrés), et que cette augmentation du front de marche ne s’oppose néanmoins pas à ce qu’en cas ordinaire la colonne tout entière prenne part au combat, on voit bien que même dans ces conditions moins favorables, on peut encore baser la subsistance des troupes sur le même système.

Si cependant, au courant des opérations, un temps d’arrêt de plusieurs jours venait à se produire, il en résulterait nécessairement aussitôt une grande disette pour l’armée, et l’on doit d’avance prévoir cette éventualité et prendre les précautions qu’elle commande. Ces précautions sont de deux sortes et sont indispensables, aujourd’hui encore, à toute armée considérable. Les premières consistent à adjoindre aux troupes un train d’équipages chargé de transporter partout à leur suite, comme rations de réserve, des quantités de pain ou de farines suffisantes pour assurer leur nourriture pendant 3 ou 4 jours. Si l’on fait entrer cette réserve en ligne de compte avec les 3 ou 4 rations journalières de vivres que chaque soldat doit toujours porter sur lui, on voit que l’on est ainsi strictement en situation d’assurer pendant 8 jours, et sans aucun moyens auxiliaires, la subsistance de l’armée.

Les secondes précautions consistent à avoir un service d’intendance parfaitement organisé, qui sache profiter de tous les temps de repos pour tirer de points souvent fort éloignés, et rassembler des réserves de vivres telles qu’en un clin d’œil l’armée puisse toujours passer sans à-coups du système des vivres