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chap. xiv. — de l’alimentation des troupes.

maintienne jamais dans les limites philanthropiques que l’on voudrait ainsi lui imposer d’avance ?

Quel que soit le mode d’approvisionnement adopté, l’application en sera d’autant plus facile qu’elle se produira sur un pays plus riche et plus peuplé. Le chiffre de la population a, en effet, une très grande influence dans la question, par la double raison que là où la population est plus nombreuse la production est plus forte, la consommation plus grande, et par conséquent les approvisionnements plus considérables. Certaines portions du territoire font cependant en partie exception à cette règle. Ce sont celles qui sont particulièrement peuplées d’ouvriers de fabrique, surtout alors que, et le cas n’est pas rare, ces centres industriels sont situés dans des vallées dont le sol est plus ou moins stérile. Quoi qu’il en soit, un pays peuplé sera toujours bien autrement qu’une contrée peu habitée en état de pourvoir aux approvisionnements d’une armée.

Une surface de 400 milles carrés (22 000 kilomètres carrés), par exemple, présentant une population de 400 000 âmes, et quelle que soit d’ailleurs la richesse du sol, ne supportera certainement pas une armée de 100 000 hommes avec la même facilité qu’une surface de terrain de même dimension occupée par 2 millions d’habitants. Il convient d’ajouter à cela que c’est dans les pays les plus peuplés que les voies de communication par terre et par eau sont les meilleures et les plus nombreuses, les moyens de transport les plus riches, et les relations commerciales les plus promptes et les plus sûres.

Bref, il est plus facile de faire vivre une armée dans les Flandres qu’en Pologne.

C’est pour ces motifs que la guerre se porte toujours de préférence sur les grandes routes, sur les cités popu-