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chap. xvi. — des lignes de communications.

pôts, ses hôpitaux et ses bureaux de poste. Aussi se présente-t-il ici, selon que l’armée se trouve sur le sol national ou en pays ennemi, une différence qui modifie si profondément l’essence du système des communications et les résultats qu’il amène, que nous nous garderons bien de la laisser passer inaperçue comme cela arrive généralement dans l’étude de la question.

Il va de soi que dans l’un comme dans l’autre cas une armée prendra tout d’abord les dispositions nécessaires à l’établissement de ses communications. Mais être sur le sol national c’est être chez soi, c’est n’avoir jamais affaire qu’à ses compatriotes et aux agents de son propre gouvernement, c’est être sûr, par conséquent, de rencontrer partout sympathie et bon vouloir. Dans de telles conditions, si la nécessité l’exige, si par exemple un mouvement tournant de l’ennemi contraint l’armée à exécuter un changement de front, elle ne se trouvera pas forcément limitée au système de communications adopté par elle dans le principe, et pour peu qu’il existe d’autres routes, celles-ci pourront toujours servir de base à un nouveau système, alors même qu’elles présenteraient des conditions moins favorables que les premières et répondraient moins bien à la situation et aux besoins de l’armée.

Quand elle opère en pays ennemi au contraire, tout autre est la situation d’une armée et le résultat auquel elle peut prétendre à ce sujet. Elle ne peut que successivement et au courant de sa marche en avant prendre les dispositions dont l’ensemble constitue le système de ses communications, car le maintien de ces dispositions se trouve alors appuyé et assuré par la présence même de l’armée et par le respect ou l’effroi que cette présence inspire. Les habitants sont ainsi portés à considérer ces mesures comme la conséquence d’une nécessité inévitable, absolue, à laquelle ils ne peuvent

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