Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/18

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Mon éducation juſqu’à l’âge de quatorze ans avoit été des plus communes. Lire, ou plutôt épeller, griffoner & coudre aſſez mal, faiſoit tout mon ſavoir. A l’égard de mes principes, ils conſiſtoient dans une parfaite ignorance du vice, & dans une ſorte de retenue & de timidité naturelles à notre ſexe, dont nous ne nous guériſſons que trop tôt aux dépens de notre innocence.

Ma bonne mere avoit toujours été tellement occupée de ſon école & des petits embarras du ménage, qu’elle n’avoit employé que bien peu de tems à m’inſtruire. Au reſte, elle étoit trop ignorante du mal, pour être en état de me donner des leçons qui pûſſent m’en garantir.

J’étois entrée dans ma quinzieme année, lorſque les chers & déplorables auteurs de ma vie moururent de la petite vérole à quelques jours l’un de l’autre. Je me trouvai par leur mort une malheu-