Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/19

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reuſe orpheline ſans reſſource & ſans amis, car mon pere, qui étoit du Comté de Kent, s’étoit établi par hazard en cet endroit-là. Je fus auſſi attaquée de cette contagieuſe maladie, mais fort légérement, & ſans qu’il m’en reſtât aucune marque. Je paſſe ſur la véritable affliction où cette perte me plongea. Le tems & l’humeur volage de la jeuneſſe n’en effacerent que trop tôt de ma mémoire la triſte & précieuſe époque. Une jeune femme, nommée Eſther Davis, alors dans notre Village, devoit retourner inceſſamment à Londres, où elle étoit en ſervice : elle me propoſa de l’y ſuivre, m’aſſurant de m’aider de ſes avis & de ſon crédit pour me faire placer.

Comme il n’y avoit perſonne au monde qui ſe mît en peine de ce que je deviendrois, j’acceptai ſans héſiter l’offre de cette créature, réſolue de tenter fortune ; tentative, ſoit dit en paſſant, ſou-