Aller au contenu

Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 137 )

„ Quant à moi, l’attrait du plaiſir défendu agiſſoit ſi fortement ſur mes ſens, qu’il me fut impoſſible de ne point ſuivre les loix de la nature. Je cherchai donc à tromper la vigilante précaution de ma mere. J’avois à peine douze ans, que cette partie, dont elle s’étudioit tant à me faire ignorer l’uſage, me fit ſentir ſon impatience par ſes titillations & par un feu ſecret, qui ſembloit redoubler à la vue d’un homme. Cette ouverture merveilleuſe avoit même déja donné des ſignes de puberté prématurée, en s’ombrageant d’un poil naiſſant, ſemblable au duvet, qui, ſi j’oſe le dire, avoit pris ſa croiſſance ſous ma main & ſous mes yeux ; car j’étois journellement occupée à viſiter & à manier ce joli réduit, ſes ſenſations délicates, & les chatouillemens que je ſentois ſouvent, m’avoient aſſez fait comprendre, que c’étoit dans ce petit centre que giſoit le vrai bonheur : ſentiment qui me