Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/43

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je ſais bien, que je goûtai cette nuit, pour la premiere fois, les tranſports de la nature ; que les premieres idées de la corruption s’emparerent de mon cœur ; & que j’éprouvai, en outre, que la mauvaiſe compagnie d’une femme n’eſt pas moins fatale à l’innocence que la ſéduction des hommes : mais, continuons… Lorſque la paſſion de Phébé fut aſſouvie, & qu’elle goûtoit un calme dont je me trouvois bien éloignée, elle me fonda artificieuſement ſur tous les points qu’elle crut de l’intérêt de ſa vertueuſe Maîtreſſe ; & conçut, par mes réponſes, par mon ignorance, & par la chaleur de mon tempérament, les eſpérances les plus flatteuſes.

Après un dialogue aſſez long, ma compagne de lit me laiſſa à moi-même ; ſi bien que, provoquée par les violentes émotions que j’avois ſouffertes, je m’endormis ſur le champ, &, dans un de ces ſonges délicieux, que les feux du plaiſir