Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/46

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le bouc ſuffiſamment prévenu par cet échantillon de mes charmes, Phébé me reconduiſit à ma chambre, & ayant fermé la porte, elle me demanda myſtérieuſement, ſi je ne ſerois pas bien aiſe d’avoir un auſſi beau cavalier pour mari ? (je ſuppoſe qu’on lui donnoit le titre de beau, parce qu’il étoit galonné.) Je répondis naïvement que je ne ſongeois point au mariage, mais que ſi jamais j’avois un choix à faire, ce ſeroit parmi les gens de ma ſorte, me figurant que tous les beaux cavaliers étoient faits ſur le modele de ce hideux animal.

Tandis que Phébé employoit ſa rhétorique à me perſuader en ſa faveur, Maman Brown, ainſi que j’ai ouï dire depuis, l’avoit taxé à cinquante guinées pour la ſeule permiſſion d’avoir un entretien préliminaire avec moi, & à cent de plus au cas qu’il obtint l’accompliſſement de ſes deſirs, le laiſſant maître de me récompenſer comme il le jugeroit à