Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/16

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boucles d’oreilles, et dont le langage précieux et grossier était mêlé de termes d’argot, de mythologie et de mots marins.

Casanova nous a laissé dans ses mémoires un grand nombre de précieuses notes touchant la vie anglaise.


« Rien en Angleterre, écrit-il, n’est comme dans le reste de l’Europe ; la terre même a une nuance différente, et l’eau de la Tamise a un goût qu’on ne trouve à aucune autre rivière ; tout Albion porte un caractère particulier ; les poissons, les bêtes à cornes, les chevaux, les hommes et les femmes, tout a un type qu’on ne trouve que là. Il n’est pas étonnant que la manière de vivre, en général, ne ressemble en rien à celle des autres peuples, et surtout leur cuisine. Quant au trait principal de ces fiers insulaires, c’est l’orgueil national qui les fait se mettre fort au-dessus de tous les autres peuples. Il faut cependant connaître que ce défaut est commun à toutes les nations ; chacune se met en première ligne, et au fait il n’y a que le second rang qui soit difficile à déterminer.

« Ce qui attira d’abord mon attention, ce fut la propreté générale, la beauté de la campagne et de la bonne culture, la solidité de la nourriture, la beauté des routes, celle des voitures de poste, la justesse des prix des courses, la facilité de les payer avec un morceau de papier, la rapidité de leurs chevaux de trait, quoiqu’ils n’aillent jamais qu’au trot, enfin la construction de leurs villes, de Douvres à Londres, telles que Canterbury et Rochester, villes très populeuses, et qui pourraient être figurées par de vastes