Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/17

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boyaux, car elles sont extrêmement longues et n’ont presque point de largeur. »


Voici ce que Casanova vit dans un café, le jour de son arrivée à Londres :


« Il était sept heures, et un quart d’heure après, voyant beaucoup de monde dans un café, j’y entrai. C’était le café le plus mal famé de Londres, celui où se réunissait la lie des mauvais sujets de l’Italie qui venaient à passer la Manche. J’en avais été informé à Lyon, et je m’étais fortement proposé de ne jamais y mettre les pieds. Le hasard, qui se mêle presque toujours de nous faire aller à gauche quand nous voulons aller à droite, me joua ce mauvais tour, bien à mon insu. Je n’y suis plus allé.

« Étant allé m’asseoir à part et ayant demandé une limonade, un inconnu vint se placer près de moi, pour profiter de la lumière, et lire une gazette que je reconnus être imprimée en italien. Cet homme, muni d’un crayon, s’occupait à effacer certaines lettres et mettait la correction en marge ; ce qui me fit juger que c’était un auteur. Une oisive curiosité m’ayant fait suivre cette besogne, je vis qu’il corrigeait le mot ancora, mettant un h en marge, comme voulant faire imprimer anchora. Cette barbarie m’irritant, je lui dis que depuis quatre siècles on écrivait ancora sans h.

« — D’accord, me dit-il ; mais je cite Boccace, et dans les citations il faut être exact.

« — Je vous fais réparation d’honneur, monsieur, je vois que vous êtes homme de lettres.

« — De la très petite espèce. Je m’appelle Martinelli.

« — Alors vous êtes de la grande et non de la petite