Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/25

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guinées à la Française et de payer les frais, n’ayant que peu d’argent sur moi. »

Parmi les lieux fréquentés par les débauchés se trouvaient les bagnios.

Les bagnios avaient été d’abord de véritables établissements de bains.

C’est dans un bagnio que Tillotson, qui fut dans le XVII° siècle le plus profond théologien et le prédicateur le plus éloquent de la Grande-Bretagne, eut l’aventure suivante, qui montre qu’il pouvait aussi prétendre au titre d’homme le plus distrait de l’Angleterre.

Ayant donc été dans un bagnio, il s’y baigna, enfoncé dans ses méditations ; lorsqu’il se rhabilla, il oublia de mettre sa culotte et sortit gravement dans la rue.

Tout le monde éclatait de rire en le regardant et une troupe d’enfants le suivit. Finalement, il entra dans une boutique et demanda ce qui causait tant de désordre. On lui en dit la cause et, plein de confusion, Tillotson envoya chercher la culotte.

C’est encore Tillotson qui, discutant avec quelques savants, sentit une mouche le piquer à la jambe. Il se mit à gratter la jambe de son voisin qui le laissait faire. Tillotson, qui se sentait toujours piquer, continua à gratter la jambe de son voisin en trouvant qu’il ne concevait pas l’obstination de cette mouche qui le perçait jusqu’au sang…

Peu à peu, il arriva que les bagnios ne furent plus destinés qu’au plaisir.