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DÉMOSTHÈNE

pu que les concevoir, les tenter — non les réaliser. Je viens interroger les tables douloureuses de vos grandeurs, de vos misères, pour la leçon de ceux que les fatalités des descendances ont engagés, à votre suite, dans les voies supérieures d’un idéalisme d’humanité. Puissé-je, dans les Champs Élysées, éveiller vos remords ! La vie d’autrui peut-elle vraiment nous apprendre à discipliner la nôtre ? On le dit. Il est beau d’essayer.

Cet homme, aussi complètement homme qu’il pût jamais se rencontrer, vous l’avez vu, au pied de l’Acropole, dans les plus tragiques émotions des plus grands jours. Du plus haut de la victoire au plus bas de la défaite, au cœur de l’horrible mêlée, pas un moment où vous ne l’ayez trouvé fidèle à votre cause, identifiée avec sa propre vie aux temps où vous portiez le flambeau de la vie humaine. Qu’avez-vous fait de lui ? Qu’avez-vous fait de vous-mêmes ? Du même cœur, dans la fragilité de vos espérances et de vos craintes, vous l’avez, tour à tour, acclamé, redouté, déifié, renié, conspué, trahi, tué. Maintenant, l’histoire se dresse devant vous comme l’Euménide vengeresse du crime que nous-mêmes, vos neveux, nous ne cessons d’expier.

En ce temps-là, c’était le monstre, comme disait d’admiration son plus cruel adversaire. Les petits