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DÉMOSTHÈNE

La guerre du Péloponèse, qui mit le sceau à la destruction de l’hellénisme, fut d’une origine si futile qu’on ne l’a jamais pu déterminer. Ce n’est pas pour deux courtisanes de Mégare, sous l’hypothétique autorité d’Aspasie, que le plus beau sang de l’Hellade fut follement versé. Le fait, très simple, est que tout prétexte était bon aux Grecs pour s’entre-déchirer. De tribus à tribus, c’était la pure tradition de l’Orient. Voyez les Mémoires de Baber, le second conquérant de l’Inde, après Mahmoud. La folle stratégie de Périclès, vouant Athènes aux stérilités de la défensive, menait la ville à sa perte, pour le malheur des vaincus aussi bien que des vainqueurs. Quand Lysandre démolissait les Longs Murs au son de la flûte, il célébrait du coup l’effondrement de sa victoire sacrilège. Pour avoir pu trouver, parmi les Trente Tyrans, des élèves de Socrate gouvernant Athènes au nom de Lacédémone et abattant, dans le Pœcile, des centaines de têtes en un jour, il fallait vraiment une trop grande confusion de consciences oblitérées.

La vérité est que ces hommes qui avaient tant de raisons de serrer les rangs, de s’unir en vue de se consacrer à l’œuvre commune des libérations de l’intelligence, mettaient au-dessus de tout le plaisir de se massacrer. Pour tout dire d’un mot, ces Hellènes, si finement intellectualisés, n’eurent