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DÉMOSTHÈNE

pas le sentiment de la grande patrie. Delphes, Olympie, les jeux isthmiques, pythiques et tous autres suffisaient à satisfaire leur besoin d’un cadre commun. Aux fêtes olympiques, le jeune Thucydide écoutait dans le ravissement Hérodote lisant, de l’opisthodome du temple de Zeus, des récits de sa grande histoire à quelques douzaines d’auditeurs échappés de l’hippodrome. Qu’était-il besoin d’un autre lien des intelligences ? L’Athénien se parait de son titre de « vainqueur du Mède » pour massacrer, en invoquant cyniquement le droit du plus fort contre les Méliens, neutres, qui lui offraient leur « amitié ». Trop tard, avec Philopœmen, l’idée pourra surgir d’une ligue achéenne. Depuis longtemps, le coup fatal avait été porté. Il faudra l’obsession de Rome à Polybe, prisonnier de guerre, pour sceller la pierre tombale sous laquelle, jusqu’à la Renaissance, l’Hellénisme allait sommeiller. Quel châtiment de se survivre dans les dégradations de Byzance ! Mourir plutôt que dégénérer.

De cette formidable aventure ressort-il donc pour nous un jugement de l’esprit grec dans ses rapports avec les développements d’un avenir qui tantôt s’éclaire et tantôt s’obscurcit ? En cette matière, érudits et généralisateurs se sont largement répandus. Je ne puis me permettre ici qu’un trait de projecteur en passant. Il se rencontre, à