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DÉMOSTHÈNE

renonciation à la vie emporte une douleur dont le pis est peut-être de jeter au gouffre de l’insondable infini les hautes aspirations qui en font la noblesse éphémère. Que notre dernière joie soit d’un détachement suprême pour lequel ce n’est pas trop d’un achèvement surhumain de nos plus beaux efforts.

En ce sens, le « miracle grec » de Renan paraît être, surtout chez l’homme attique, d’une subtilité d’idéalisme aérien et de soudaines récupérations d’énergies qui font les coups de foudre de l’histoire humaine, comme à Marathon, Salamine et Platée. Hélas ! Parce que soudains, mouvements de courte durée. La guerre du Péloponèse avec ses incohérences, la résistance balancée à l’agression macédonienne, toutes deux terminées par la chute d’Athènes, découvrent l’insuffisance des continuités chez l’Hellène civilisateur. L’histoire a montré depuis ce temps que le sort du vaincu et le sort du vainqueur se trouvent plus intimement liés qu’on ne peut croire. Virgile promettait l’empire du monde au peuple romain dont l’idéalisme était d’une force ordonnée, et Rome allait succomber de victoires sans fin. On peut croire qu’il n’en eût pas été de même pour Athènes si elle avait su joindre aux essors en hauteur le miracle achevé du développement en étendue.

En ses premières compositions des mentalités