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DÉMOSTHÈNE

qui vont de la plus belle envolée au plus humiliant abandon. Un élan toujours à reprendre, aussitôt qu’obtenu. Tous les enthousiasmes, toutes les perfidies sous l’immense plaie de la vénalité. Des dévouements, des soupçons, des colères dont il s’agit de faire un équilibre de raison. Au plus fort de la guerre du Péloponèse, n’a-t-on pas vu Cléon, le démagogue, criblé de flèches d’Aristophane, se jeter dans l’opération de guerre où avaient échoué les meilleurs stratèges, emporter Sphactérie et couronner sa carrière en se faisant tuer à l’ennemi ? Avec de tels partenaires, il n’y a qu’un propos qui serve : se maintenir au plus fort de la mêlée et faire face de tous les côtés à la fois. Démosthène connut ces angoisses. Démosthène connut ces joies.

Des rochers de la Macédoine, une race de fer était sortie à qui la civilisation de la plaine apportait trop de tentations. Un chef capable de commander a trouvé des soldats capables d’obéir. D’un coup de génie militaire, jaillit l’invincible phalange. L’idéal aura peut-être son jour au glaive de décider présentement. Coups de traitrise ou coups de force, Démosthène, seul, fera front partout et toujours, assailli par devant, par derrière, calomnié, accusé, trahi, vaincu, condamné. Et combien encore de ceux-là qui le suivent chercheront à se ménager les faveurs de l’adver-