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DÉMOSTHÈNE

fluides qui font ou défont les flottements de la veille et du lendemain. Des virtuoses du verbe où l’expression déborde la pensée.

De pouvoirs publics, le Démos permettait qu’il y eût des formes, ne fût-ce que pour l’amusement tardif des responsabilités. La décision demeurait aux chances de la foule hasardeusement assemblée. Le lieu naturel des rencontres, c’était le marché, l’Agora. L’Hellène est l’homme sobre par excellence. De temps à autre, il dépèce un agneau, le fait rôtir et le mange jusque sur le trottoir d’Athènes, comme je l’ai vu de mes yeux. Le plus souvent, il se nourrit d’olives, d’oignons, de figues ou, plus simplement, de ces herbes bouillies dont la mère d’Euripide était marchande. Un grand verre d’eau apporte son charme à la fête qui s’aiguise des musiques de tous entretiens. Par une pente insensible, la grande affaire du marché devint moins de se pourvoir que d’échanger des vues sur toutes choses. La ville et les affaires fournissant d’amples thèmes, la place publique devint quotidiennement le centre des délibérations. Plus tard, quand des textes de résolutions se trouvèrent requis, on transporta l’assemblée à l’esplanade de l’ancien autel de Zeus à ciel ouvert, qui prit le nom de Pnyx[1]. Encore arrivait-il que les Athé-

  1. Étymologiquement, le mot indique la densité, l’empressement de la foule assemblée. La terre rapportée, soutenue d’un appa-