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DÉMOSTHÈNE

niens nonchalants s’entêtassent au marché. Alors intervenaient les archers scythes entourant le public d’une corde teintée de rouge, pour courir à l’assemblée, où le peuple souverain était bien obligé de les suivre, car quiconque portait la marque de la corde dénonçant sa négligence, se voyait privé du triobole, prix du commun dévouement à la chose publique. S’il arrivait que les marchandages de l’Agora se poursuivissent dans l’auguste assemblée, c’est peut-être que l’esprit de trafic n’avait fait que se déplacer.

Tel était l’outil incertain, toujours prêt à se briser dans la main de Démosthène. La tyrannie, l’oligarchie des anciennes formations sociales étaient des écoles de résistance aux volontés mobiles d’une foule toujours avide de changements. La démocratie d’Athènes, encline à la vanité des agitations verbales d’apathie, se délectait de toutes contradictions. Je crains bien qu’Aristophane n’ait chargé le bonhomme Démos, victime lui-même des pires oligarchies populaires, que dans la mesure commandée par l’optique de la scène. A ses heures, Démos était bon soldat : Marathon et Salamine l’avaient bien fait voir, avec l’aide de ces paniques propres aux improvisations mili-

    reil cyclopéen, montre que le sol fut disposé à cet effet. Athènes comptait environ 40 000 citoyens. La Pnyx n’en vit jamais plus de 10 000 réunis à la fois.