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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/69

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DÉMOSTHÈNE

tout perdu. Aux simulacres de guerres qu’on avait vues traîner pendant dix ans, succéda le simulacre d’une paix maintenue pendant sept années, durant lesquelles se développèrent les germes de la lutte décisive ».

Les avertissements de Démosthène n’avaient pas été entendus. Isocrate lui-même célébra dans Philippe le nouvel Agamemnon qui allait réunir sous son sceptre tous les peuples de la Grèce dans la prospérité d’une paix imposée par les armes. De quel mouvement oratoire il s’élève « contre ceux qui font tapage à la tribune, contre les envieux du puissant monarque qui travaillent sans relâche à le rendre suspect, qui sèment le désordre dans les villes, regardant la paix générale comme un attentat à la liberté ! » Voilà comment l’un des plus grands orateurs d’Athènes, un soi-disant patriote, ne craignit pas de juger la politique de Démosthène. Que pouvaient dire les vendus ?

Retors et vaniteux, Isocrate désirait, comme Démosthène, sauver sa ville des entreprises de Philippe, mais, tout imprégné de fallace hellénique, prétendait la soustraire au péril macédonien par un artifice dont le résultat était de l’y abandonner. Si Philippe en devait venir à dominer l’Hellade, on ne pouvait douter qu’il la voulût conduire contre les Perses. Pourquoi ne pas commencer par où l’on devait finir, en faisant l’union