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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/82

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DÉMOSTHÈNE

Pour punir Athènes de n’avoir pas osé, Alexandre exige qu’on lui livre les orateurs qu’il n’a pu acheter. Démosthène est en tête de la liste, et Phocion, donnant décidément sa mesure, propose au peuple de se résoudre à cette lâcheté. Mais l’Athénien se redresse, et Alexandre s’adoucit. L’art d’abuser de la force est quelquefois de n’en pas user. Cependant, Démosthène déjà est aux remparts. Loin de s’abandonner au désespoir, il ranime les courages et prépare tout pour un nouvel effort. Il règle la distribution des troupes. Il dirige la construction des retranchements, veille aux approvisionnements, si bien que le Macédonien, qui juge sa victoire finale assurée, renonce à emporter Athènes de vive force.

A ces excès d’audace, depuis longtemps la réponse des sycophantes ne s’est pas fait attendre. Démosthène a « violé les lois », il a « malversé », il a « trahi ». C’est alors que, pour couper court à ces odieuses manœuvres, Ctésiphon proposa, selon une coutume traditionnellement pratiquée, de voter une couronne d’or à Démosthène. Opposition d’Eschine. Lice ouverte. Sous les yeux du peuple athénien, juge et partie, le plus grand duel oratoire des annales humaines va se dérouler.