que la civilisation évolutive sera l’œuvre de notre propre effort,
et qu’il faut être d’abord en état de se gouverner soi-même, pour
réagir utilement sur le sort de la communauté. L’empirisme a
besoin d’être idéalisé. L’idéalisme, rebelle au frein, doit
apprendre à se maîtriser. Nous sommes de pauvres humains
glorieux et douloureux de nos relativités.
Tout acte de grégarité est une composition de forces, une association d’intérêts, ou l’un et le tout ne s’étayent, ne s’entraident qu’à la condition de s’opposer. Il faut que chacun abandonne quelque chose de son indépendance[1] pour s’assurer la collaboration de l’ensemble en vue d’un but commun. Une cohésion sociale permanente est de nécessité pour tous développements. Dans les sociétés animales, la part des tropismes d’inconscience est demeurée trop forte pour que la part d’activité consciente du psychisme individuel puisse entrer en lutte avec l’irrésistible élan de la communauté en direction d’une même fin[2].
Dans l’humanité, innombrables sont les fins d’un psychisme complexe suscitant des groupes de forces diversement animées. D’où le besoin d’un renforcement de l’autorité directrice en opposition inévitable avec les écarts, sinon même trop souvent, avec l’exercice courant (je ne dis pas normal) des activités de l’individu.
La concurrence universelle n’en demeure pas moins, par ses compositions de forces, la loi de toutes les individuations du Cosmos. Des oppositions résulte le phénomène de la sélection naturelle, au profit du plus fort, si remarquablement mise en valeur par Darwin. Toute la question est de savoir si l’on ne