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Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/30

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Et chaque jour, petit à petit, s’instruire
De ce qu’on voit venir de la mer par les canaux :
Le silence, et, quelquefois, un bateau.

Sur les bateaux, il y a le mât penché,
Et Blaise connaît la couleur des voiles :
Les blanches en triangle, les rouges en carré.
Et leur nombre qui est celui des étoiles
Quand on regarde attentivement la mer
Et qu’on sait aussi regarder le ciel,
— Que ce soit au couchant, ou bien à l’orient,
Chaque barque abandonne fidèlement le ciel,
Pour glisser à l’horizon fin sur la mer…
Et l’apparence est comme s’il naissait un oiseau
Du baiser que se donnent très loin de Blaise, l’air et l’eau.
Cela lui gonfle toujours un peu le cœur.
Bien qu’il n’ait rien à faire le pauvre petit fou,
Des baisers infinis, et qu’il soit assis au bout
D’une rue claire et vide dans une ville morte,
Où il vit, sans songer même à frapper aux portes.

Ah ! ce n’est pas moi qui dirai ce qu’il a vu
Quand fatigué de voir, il fermait ses deux yeux
Et s’en allait, avec ses mains dessus,
Les soirs où il attendait quelqu’un des cieux !
Et quand la grande mer chantait comme un coquillage,
Tant il était loin d’elle, ce qu’il a entendu,
Ce n’est pas moi qui le sait, ni même un plus sage,
Car qui suivrait sa petite âme en peine et en voyage ?

Maintenant, maintenant, le long de la Mer du Nord,
De la douce, triste, fanée Mer du Nord,

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