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Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/71

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posséda sa Détresse, et, couché sur le sable, passionna sa plainte aux accents d’une rime ridiculement chère :

« J’ai ton âme douce-amère
À porter, comme la mer
Porte là-bas, le ciel bas…

Voici que tu dors au bruit
Du vaste et puissant ennui
Des eaux dans les eaux mêlées…
 
Voici que je veille ici…
..............

Alors le vent passa… il enroula ses anneaux de pitié, ses légères boucles fuyantes aux doigts inquiets de mon Gilles — il en souleva la prière et l’éparpilla près du ciel… Là, le vent même ne court plus ; c’est la palpitation des astres qui balance le cœur en peine du cerf-volant que rien ne mène.

Or, la pluie tombait dans la mer.


V


Ce fut un autre jour, à l’aurore du soir, le ciel mouillant ses feux déjà très faibles…

Gilles était un mince jeune homme, en blanc toujours, avec, en bleu, ses doux yeux sensibles et vagues. — Mais alors vint à sa rencontre une bouffée d’odeur sucrée, triste et pareille à la senteur des quarantaines que les plages jamais ne portent, je sais bien !… Puis tout à coup une fille fut là, sortie peut-être de cette odeur de fleurs ou des maisons là-bas, que la dune abritait. —

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