Page:Cobb - L'enfer des sables, 1936.djvu/17

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Bakar, repliant le document, le rendit à Saint-Flavien :

— Me permettrez-vous de vous demander quels sont vos projets ?

Saint-Flavien médita un instant, la tête dans ses mains :

— J’ai une mission sacrée à remplir, Bakar. Ce que Bertrand Guizel et Rateau voulaient faire, c’est à moi à l’accomplir. Mais mon esprit se heurte à un mystère. Les Trarza ne sont pas des dissidents. Leurs rapports avec les Français sont, en général, assez réguliers. Comment se fait-il, si Catherine est vivante, qu’ils ne nous en aient pas informés ?

Bakar resta songeur :

— Peut-on dire qu’un chef maure est jamais réellement rallié. L’âme de ces gens est insondable. Si les deux aviateurs faits prisonniers sont vivants comme ce papier semble l’indiquer — au moins pour la femme — Ahmer Saloun devait avoir son dessein en les gardant. C’est ce dessein qu’il conviendrait de connaître.

— Nous allons retourner à Juby, Bakar, afin de prévenir que nous nous absentons pour quelques jours. Nous suivrons en avion le chemin des caravanes qui s’en vont vers l’hivernage. Nous voyant seuls, les Maures ne s’inquiéteront pas. Car je pense que tu ne m’abandonnes pas.

— Les Français sont des braves, dit gravement le Maure. Ils savent mourir. Bakar les admire. Il prendra sa part de la mission sacrée et il sera heureux, si cela est possible, de ramener la femme blanche parmi les siens.

À pas lents, ils revinrent vers la tombe. Là, Saint-Flavien s’agenouilla :

— Bertrand Guizel, dit-il, martyr de l’Air comme je le serai peut-être moi-même un jour, je te fais le serment que celle que tu aimais, si elle est vivante, viendra avec moi, prier ici. À bientôt, camarade !