des collaborateurs : Stravinsky musicien, Roerich peintre, Nijinsky chorégraphe.
Nous étions, musicalement, en plein impressionnisme.
C’était à qui trouverait un nouveau système d’être flou et fondu ; Alors, soudain, au milieu de ces ruines charmantes, poussa l’arbre Stravinsky.
Toute réflexion faite, le Sacre est encore une « œuvre fauve », une œuvre fauve organisée. Gauguin et Matisse s’inclinent devant lui. Mais si le retard de la musique sur la peinture empêchait nécessairement le Sacre d’être en coïncidence avec d’autres inquiétudes, il n’en apportait pas moins, une dynamite indispensable. De plus, n’oublions pas que la collaboration tenace de Stravinsky avec l’entreprise Diaghilew, et les soins qu’il prodigue à sa femme, en Suisse, le tenaient écarté du centre. Son audace était donc toute gratuite. Enfin, telle quelle, l’œuvre était et reste un chef-d’œuvre ; symphonie empreinte d’une tristesse sauvage, de terre en gésine, bruits de ferme et de camp, petites mélodies qui arrivent du fond des siècles, halètement de bétail, secousses profondes, géorgiques de préhistoire.
Certes, Stravinsky avait regardé les toiles de Gauguin, mais, se transposant, le faible registre décoratif était devenu un colosse. À cette époque, je n’étais pas au courant des moindres cotes de la gauche, et, grâce à mon ignorance, je pus jouir pleinement du Sacre à l’abri des petits schismes et des formules étroites qui condamnent la valeur libre et servent trop souvent de masque au manque de spontanéité.
Roerich est un peintre médiocre. D’une part, il