costuma et décora le Sacre dans un sens qui n’était pas étranger à l’œuvre, mais de l’autre, il l’atténua par la mollesse de ses accents.
Reste Vaslaw Nijinsky. Je vous présente un phénomène Rentré chez soi, c’est-à-dire dans les Palace Hôtels où il campe, ce jeune Ariel se renfrogne, compulse des in-folio et bouleverse la syntaxe du geste. Mal renseigné, ses modèles modernes ne sont pas des meilleurs ; il utilise le Salon d’Automne. Ayant trop connu le triomphe de la grâce, il la repousse. Il cherche systématiquement a rebours de ce qui lui vaut sa gloire ; pour fuir de vieilles formules, il s’enferme dans des formules nouvelles. Mais Nijinsky est un moujik, un Raspoutine ; il porte en lui le fluide qui soulève les foules et il méprise le public (auquel il ne renonce pas à plaire). Comme Stravinsky, il métamorphose en force la faiblesse de ce qui le féconde ; par tous ces atavismes, cette inculture, cette lâcheté, cette humanité, il échappe au danger allemand, au système qui dessèche un Reinhart.
J’ai réentendu le Sacre sans les danses ; je demande à les revoir. Dans mes souvenirs l’impulsion et la méthode s’y équilibrent, comme dans l’orchestre. Le défaut consistait dans le parallélisme de la musique et du mouvement, dans leur manque de jeu, de contre-point. Nous y eûmes la preuve que le même accord souvent répété fatigue moins l’oreille que la fréquente répétition d’un seul geste ne fatigue l’œil. Le rire vint plus d’une monotonie d’automates que de la rupture des attitudes, et plus de la rupture des attitudes que de la polyphonie.
Il convient de distinguer dans l’œuvre du chorégraphe deux parts.