Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/18

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l’Univers pensant est ravi de la direction que vous daignez imprimer à son intelligence ? Ah ! vous vous figurez que vous avez le monopole du pamphlet, de l’épigramme, du persiflage, de la médisance, de la calomnie, de la presse enfin, absolument comme le pouvoir que vous combattez ! Non, non….. vous n’êtes pas forts ; et la violence, sans la force, est ridicule.

Aristocrates de la Démocratie, dévoués de la Dictature, martyrs de la Terreur, despotes de la Liberté, vides remplis de proclamations ronflantes, chiens—chats, loups—agneaux, sépulcres rougis, squelettes tapageurs, éteignoirs à jour, noirceurs immaculées,….. À qui donc croyez-vous imposer encore ? Par qui vous croyez-vous regardés, admirés, suivis, enviés ? Ne vous a-t-on pas pris à l’épreuve ? Et cette épreuve n’a t-elle pas assez coûté d’émeutes, de sang et de tyrannies ?

Ô Miguel Cervantès ! immortel critique, que n’ai-je ta verve et ta bonne plume castillane, et ton divin langage pour dépeindre pittoresquement ces grands démolisseurs de trônes, ces infatigables pourfendeurs d’armées, ces gigantesques conspirateurs, ces braves renverseurs de moulins à vent, ces égayants modèles d’abnégation, de dévouement et de sacrifice qu’on appelle les révolutionnaires de la tradition.

Gens de parti — de quelque parti que ce soit — je vous le dis : La Vérité est une. La Liberté est une. L’Esclavage aussi est un. Être d’un parti, c’est n’être plus soi. N’être plus soi, c’est être tout le monde. Être tout le monde, c’est n’être personne. N’être personne c’est être un homme de parti.

Ah ! vous m’avez trouvé trop petit pour vous, Messeigneurs ! Eh bien ! je vous mettrai plus bas que les vers qui rampent. Car j’ai sur vous l’avantage d’être sans engagements et d’avoir ma libre parole ! Car vous m’avez donné le droit d’être sans égards avec vous, d’abord en me provoquant sans motif et sans mesure, ensuite en refusant de faire droit à mes justes réclamations.

Peut-être serez-vous contraints de parler de cette brochure. Afin que vous soyez plus à l’aise pour l’abîmer, je vous préviens que je ne répondrai plus à aucune de vos attaques. D’abord parce que votre exemple m’autorise à arrêter les frais, quand il me convient ; ensuite parce que je n’ai pas comme vous, de journal à ma disposi-