Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


M. Cœurderoy sait bien qu’on n’a besoin d’aucun patronage d’homme ou de parti pour que des protestations quelque peu fondées et signées soient accueillies dans l’Homme, journal de liberté, quoique peu Cosaque.

Donc, sans aucun scrupule ni réticence, nous faisons droit à sa réclamation, et si lorsque nous avons écrit les quelques lignes qui l’ont provoquée, nous avions eu ses deux brochures en mémoire, nous les aurions bien certainement signalées ; car l’exception confirme la règle. Il y a deux ans, M. Cœurderoy fonda son école ; il y est resté seul et mourra de même : nous nous trompons, ils sont deux à courir les steppes du désert et de la fantaisie.

Un mot sur le fond.

M. Cœurderoy sait comme nous que la principale question qui divise et trouble l’Occident, est une question de science, un problème à résoudre, celui du travail, et il appelle les Cosaques, c’est-à-dire la servitude, l’ignorance et la misère organisées, disciplinées, abruties par un despotisme qui tient tout sous sa main, les âmes et les corps !

Certes, ces braves gens sont nos frères, comme monsieur Cœurderoy ; mais nous trouvons qu’ils seraient par trop incapables et par trop dangereux, comme précepteurs d’économie sociale, de politique et de gouvernement.

Est-ce comme révolutionnaire, et pour faire la place nette aux idées, que M. Cœurderoy convoque ces légionnaires du désert et les appelle avec le czar au sac de la civilisation ?

Hélas ! la France les connaît. Paris les a déjà vus, deux fois, dans ses murs : et que lui portèrent-ils ? les anciennes reliques et les anciennes servitudes : en revanche ils emportèrent nos trésors et notre honneur !

M. Cœurderoy désire la transfusion d’un sang jeune dans les veines de nos sociétés décrépites : il espère que cette opération rajeunira le vieux monde.

Nous dirons à M. le docteur Cœurderoy que depuis soixante ans le peuple de France a versé plus de sang pour la cause de l’humanité, que les Cosaques de toutes les Russies n’en ont versé pour le despotisme, depuis mille ans. Du sang jeune, riche, vigoureux — Et qu’était donc celui qui coulait aux grandes barricades de Paris, il y a quatre ans à peine ?