Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/7

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voquez à une discussion sérieuse. Je n’espérais pas une si bonne fortune, et je rends hommage à votre impartialité.[1]

Je serai un peu long ; j’avoue mon entière inaptitude à trancher d’un seul mot des questions organiques de l’importance de celle que vous soulevez. Je vous en préviens, tout en commençant, afin que vous voyiez bien s’il vous convient ou non d’insérer cette lettre dans son entier. Tronquée, elle n’aurait plus de sens. C’est une observation que je vous rappellerai d’ailleurs à propos de la façon tant soit peu cavalière dont vous jugez en une demi-colonne de journal des publications qui m’ont coûté, à moi, quelque travail. Je savais bien que toutes les intelligences n’étaient pas égales, mais je ne me doutais pas vraiment qu’il pût y avoir de si grandes différences entre elles.

Cela dit, je réponds à votre article.

Un mot d’abord sur vos plaisanteries à l’endroit de ce qu’il vous convient d’appeler mon école. Il serait à souhaiter, citoyen, que personne n’eût moins de prétentions que moi à fonder quoi que ce fût et que tout le monde fût porté d’aussi bonne volonté à démolir tout ce qui est. J’estime que la Révolution — qui je sers et que j’aime, bien que vous en disiez — aurait en cela plus à gagner qu’à perdre.

Je ne cherche à acquérir une influence quelconque sur qui que ce soit. Je serais réellement bien maladroit si, tendant à ce but, je persistais à défendre des opinions qui répugnent aussi profondément que les miennes au chauvinisme français, et si je m’obstinais à m’aliéner par tous moyens les bonnes grâces des hauts Césars de la future république (qui sait quand reviendra ?) J’ai prouvé, et je prouve suffisamment, Dieu merci ! que je suis l’ennemi de tous les partis et de toutes les sectes, et que je ne recherche ni les faveurs ni l’approbation de personne. Je suis étonné que vous ne me rendiez pas au moins cette justice.

En général, citoyen, ceux qui veulent fonder des écoles ou des partis ne s’isolent pas, comme moi, afin d’être plus libres de travailler ; ils courent les clubs, les estaminets et les coteries où l’on recrute des âmes. L’on arrive plus sûrement aujourd’hui à la célé-

  1. Je me hâtais un peu. Quand ne me laisserai-je plus prendre à l’impartialité et au dévouement des gens de parti ?