Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/9

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pouvez croire me blesser en m’écrivant que mon école ne fera pas fureur, et qui pensez qu’une question de science sociale puisse être résolue par une addition de partisans.

Je ne suis pas avec les Révolutionnairres, je suis avec la Révolution. Je ne suis pas avec les Systématiques, je suis avec la Science. J’écris parce que j’y suis sollicité par mon attraction. Quant à ma valeur comme écrivain ou comme homme, jamais, que je sache, on n’a dit de moi que je fusse idiot ou esclave : qu’on m’ait appelé fou, peu m’importe. Pas plus sur vous que sur moi, ou sur quiconque fait acte de ses dix doigts ne peut prononcer sans appel une société aussi anormale, aussi éphémère, aussi prévenue, aussi incomplète, aussi isolée du mouvement général que l’est celle des réfugiés[1], la seule à l’appréciation de laquelle j’aie pu jusqu’à ce jour soumettre mes idées, et qui ne m’a pas condamné tout entière, croyez-le, aussi dédaigneusement, aussi sommairement, aussi maladroitement, que vous l’avez fait.

Pour me résumer sur ce premier point, je serais désolé de penser à plusieurs, d’agir à plusieurs, de n’être pas seul, moi, homme, dans le sens le plus étendu et contradictoirement le plus individuel de ce mot.


. . . . . . . J’en viens à mon opinion sur la décadence des races franco-latines, sur l’avénement prochain de la race slave, sur l’intervention du glaive cosaque pour faire place nette aux idées de l’Europe occidentale. Je répète que tout cela va s’accomplir ; que tout cela est prouvé par tous les moyens de déduction, d’induction et de comparaison à l’usage de l’intelligence humaine ; que les événements se chargent de confirmer ce que je disais en 1852, alors que — ne vous en déplaise — personne ne s’occupait du tzar et de l’universelle révolution.

Vous ne vous attendez pas, j’imagine, à ce que je résume dans une lettre les idées émises dans un livre de sept feuilles d’impression, non plus que les considérations physiologiques, historiques et analogiques sur lesquelles mon opinion est basée. Je désire seulement que vous ne me fassiez pas dire ce que je n’ai jamais

  1. Je constate un fait et un état. Mon intention ne peut être d’ailleurs d’insulter à un exil que je partage. Avec vous, citoyen, j’aime à mettre les points sur les i.