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Page:Cogordan - Joseph de Maistre, 1894.djvu/18

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joseph de maistre.

fat celle des jeunes gens appartenant aux familles qui avaient conservé au XVIIIe siècle, au milieu du relâchement général des mœurs et des croyances, l’austérité de l’âge précédent. Encore enfant, il est affilié à une pieuse congrégation, qu’on appelait la congrégation des Messieurs et dont les membres faisaient en commun une retraite annuelle, sous la direction des pères Jésuites. À quinze ans, il fait partie de l’association des Pénitents noirs, braves gens se recrutant un peu dans tous les mondes, qui se donnaient pour mission d’accompagner les condamnés au dernier supplice, de les ensevelir et de prier pour eux. Le jeune pénitent a pu ainsi, à travers les trous ronds de sa cagoule, observer l’horreur des exécutions capitales : il s’en est souvenu certainement quand, trente ans plus tard, il écrivit une page célèbre sur le bourreau. Envoyé à Turin pour suivre les cours de droit à l’Université, il est un étudiant exemplaire. Ses études achevées, il revient à Chambéry, où, en 1774, il entre dans la magistrature, comme substitut surnuméraire de l’avocat fiscal général du Sénat, nous dirions aujourd’hui attaché au parquet du procureur général.

II

Au siècle dernier, alors qu’en France commençait à bouillonner l’esprit révolutionnaire, alors que l’on y avait conscience de l’instabilité d’un équilibre