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Page:Cogordan - Joseph de Maistre, 1894.djvu/25

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sa jeunesse.

longues heures chaque jour. Il accumulait ainsi ce trésor de connaissances variées dont il a tiré tant de profit plus tard. Ses penchants le poussèrent à apprendre la théologie, d’où une pente naturelle le conduisit à l’étude des doctrines secrètes qui révèlent aux initiés les arcanes du monde invisible. Il subissait ainsi ce goût de l’occultisme qui était si commun à la fin du siècle dernier, comme il l’est à la fin du nôtre. On appelait alors illuminés les personnes — et elles étaient nombreuses — qui prétendaient posséder des lumières particulières sur le monde, ses origines et ses destinées, sur Dieu, sur ses rapports avec l’homme. Il y avait des illuminés de toute espèce. Maistre donne même ce nom aux francs-maçons, comme à tous ceux qui cherchaient à se créer pour eux-mêmes une religion spéciale, en dehors ou au-dessus des confessions reconnues et des credo arrêtés. Le mot était plus communément appliqué aux disciples de Weisshaupt, professeur de droit canon à l’université d’Ingolstadt, qui eut de son temps une assez grande célébrité. Ces sectaires avaient ceci de particulier qu’ils professaient contre les Jésuites une haine violente et qu’ils avaient, ou qu’on leur attribuait le dessein de détruire la Compagnie par les moyens que les ennemis de celle-ci l’accusaient d’employer, c’est-à-dire par tous les moyens. Mais il y a illuminés et illuminés. Tout autres étaient de braves gens dont Maistre fit la connaissance à Lyon, où il se rendait quelquefois pour assister à leurs séances. Lyon, qui est la vraie capi-