Aller au contenu

Page:Cogordan - Joseph de Maistre, 1894.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
joseph de maistre.

CHAPITRE II

LES ANNÉES D’ÉMIGRATION

I

Maistre passait, avant la Révolution, pour un libéral. Il était, suivant un mot de son fils Rodolphe, « pour ces libertés justes et honnêtes qui empêchent le peuple d’en convoiter de coupables ». Mais il était trop intelligent pour ne pas comprendre, après 1789, que le flot populaire ne serait pas contenu dans les faibles digues que l’on cherchait à lui opposer. Aussi, alors qu’autour de lui, parmi ses amis, ses collègues, les partisans des idées nouvelles étaient nombreux, se signalait-il par son esprit autoritaire et son intransigeance. Les émeutes de Chambéry en 1790, la faiblesse du gouvernement royal l’indignaient. « La grande thèse populaire, écrit-il en 1791 au garde des sceaux à Turin, est que tout acte de l’autorité réprimante est une tyrannie ou une imprudence, et que le pouvoir ne se conserve