suivaient à coups de pierres, ils m’appelaient le Poil-Rouge ; mais j’étais toujours le plus fort, ne craignant pas les coups ; notre belle-mère nous y avait accoutumés. — À ce propos, je me rappelle encore qu’un jour j’avais le nez sale. Elle prit la pincette pour me moucher, et fut assez méchante pour me faire souffrir. Je t’arracherai le nez, disait-elle ! Aussi la pincette fut bientôt jetée dans le puits.
Revenons à mon beau-frère et à son jardin. Il me donna une bêche. Je travaillai un quart-d’heure. C’est bien, dit-il, après avoir examiné ; ça suffit, on ne travaille pas un dimanche, tu vas servir à table ; et, en effet, je rentre à la maison, et je sers à table.
Le soir on me mène coucher à la grange ; je dis bonsoir à mon nouveau maître, et je me glisse dans la paille. Jugez si j’ai pleuré ! je puis dire que si l’on m’avait regardé, on m’aurait vu les yeux rouges comme ceux d’un lapin. Être chez ma sœur, et son domestique ! à la porte de mon père !
Je n’eus pas de peine à me lever. Je n’avais qu’à sortir de mon trou et à secouer mes oreilles. Aussitôt je me mets à battre le blé, et à nettoyer les écuries. À huit heures, je vois paraître mon beau-frère qui me complimente sur mon activité. Il m’emmène déjeûner, et à neuf heures, la bêche sur l’épaule, je me dirige vers le jardin.
Figurez-vous ma surprise. J’aperçois à quelques pas mon père qui arrosait ses choux. Son jardin à lui n’était