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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/22

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père était là. — Bonjour, monsieur Coignet, dit Allard (c’était le nom d’un de mes camarades). — Ah ! c’est toi, répond mon père, et il s’en va.

Dès qu’il est parti, la conversation s’engage. Allard me demande si je suis d’un pays bien éloigné. Je lui raconte que je suis du Morvan, que j’ai habité des lieux que M. Coignet connaissait parfaitement, et où il y avait un village portant son nom.

Ah ! le vilain homme, reprend Allard. Il a perdu ses quatre enfants. Nous avons bien pleuré, mon frère et moi, de si bons camarades ! nous étions toujours ensemble. Ils ont eu le malheur de perdre leur mère étant bien jeunes, et d’avoir une belle-mère qui les battait horriblement. — Elle les faisait jeûner. — Nous leur donnions du pain qu’ils dévoraient. — C’était pitié à voir. — Un jour mon frère me dit : Allons voir les petits Coignet et leur porter du pain. Mais quel fut notre étonnement ! les deux plus vieux étaient partis, sans qu’on sût où les trouver. Le lendemain, point de nouvelles. Le surlendemain, je demande au plus jeune et à sa sœur où étaient leurs aînés. Ils sont partis, me dirent-ils. — Et où ? — Dame, je n’en sais rien. — Mon père vint de son côté demander au père Coignet ce qu’étaient devenus ses garçons. Le père Coignet répondit : je crois qu’ils sont allés voir des parents qui demeurent du côté de la Montagne-aux-Allouettes : ce sont de petits coureurs, je les rosserai à leur retour. — Il n’eut pas cette peine, car on ne les revit pas. —