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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/23

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Mais ce n’est pas tout. — Restaient encore le petit Alexandre et la petite Marianne qui embarrassaient leur vilaine belle-mère. Eh bien ! ils ne sont plus à la maison. On ne sait pas ce qu’elle en a fait. Leur père ne les a pas cherchés du tout. Tout le monde crie contre lui et sa femme.

À ce récit, des larmes s’échappaient de mes yeux. Mais vous pleurez, dirent mes camarades ! — je leur répondis que de pareilles choses faisaient mal à entendre. Ils s’en allèrent, et vraiment, il était temps. Je n’y pouvais plus tenir : j’étais au bout de mes forces.

Du reste ce qu’ils m’avaient dit était malheureusement trop vrai, quant à moi et à mon frère ainé, ils n’avaient rien à m’apprendre, quant aux deux autres, voici ce qui était arrivé.

Profitant d’un jour où mon père était en campagne, ma belle-mère les emmena vers le soir dans les bois de Druyes. Elles les enfonça le plus avant qu’elle put et les quitta en leur disant qu’elle allait revenir. Point du tout. Elle les abandonna à la merci de Dieu. Jugez quelle douleur ! ces pauvres petits, au milieu des grands bois, sans pain, dans l’obscuriié la plus complète, ne pouvant retrouver leur chemin. Ils restèrent trois jours dans cette déplorable position, ne vivant que de fruits sauvages, et pleurant et appelant à leur secours. Enfin Dieu leur envoya un libérateur : c’était le père Thibault, meunier de Beauvoir.