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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/24

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Mais j’anticipe sur les événements de ma vie. Car les détails que je viens de donner, je ne les sus qu’en 1804. Revenons donc au récit de mes petits camarades et à effet qu’il produisit sur moi.

Je rentrai dans ma grange pour pleurer tout à mon aise. Je ne savais que faire : par instants, je voulais aller chez mon père, l’accabler de reproches, et tomber sur ma belle-mère, cause de notre malheur. Je me décidai à ne pas faire de scandale, je repris ma bêche et je retournai dans le jardin.

Tout à coup je vois paraître ma belle-mère elle-même tenant un marmot par la main. Elle s’approche de moi. Je ne pouvais contenir ma colère, j’étais prêt à faire un malheur. Je quittai encore une fois mon ouvrage, et je partis comme un trait du côté de l’écurie.

Depuis ce temps, je pris le jardin en horreur. Quand j’y allais, je rencontrais toujours ou mon père ou sa femme. Que de fois j’ai été tenté de me précipiter sur elle et d’asséner un coup de bêche sur sa tête et sur celle de son enfant ! mais Dieu retenait ma main et me sauvait.

Ici la scène change de face, et mon enfance, jusqu’alors si triste, devient tout à coup plus heureuse.

Voici comment :

Deux marchands de chevaux se présentent un jour à l’auberge de M. Romain, gros aubergiste de Druyes, et demandent à coucher. Mais le maître et la maitresse