se battaient à coups de fourche. Ces messieurs désenchantés se rejettent chez ma sœur. Quelle joie pour moi de voir arriver les deux voyageurs, avec leurs beaux chevaux ! Quelle aubaine ! — Mon petit, me dirent-ils, mettez nos chevaux à l’écurie et donnez-leur du son. — Ils entrèrent à la maison, et se firent servir un bon souper. Le soir, ils vinrent visiter leurs bidets qui étaient bien pansés et dans la paille jusqu’au ventre. Ils parurent contents.
Le plus petit des voyageurs me dit : mon jeune garçon, il faudrait que nos chevaux fussent prêts demain matin, à trois heures. Nous allons à la foire des Brandons, à Entrains, et, comme nous connaissons mal la route, nous voudrions que vous vinssiez nous conduire. — Je répondis que je le ferais volontiers, s’ils obtenaient la permission de mes maîtres.
Le lendemain je vais les réveiller. J’apercois sur leur table de nuit deux pistolets et une montre. Ils la firent sonner ; — deux heures et demie ! C’est bien, mon petit ; donne l’avoine et nous partirons. — Aussitôt je retourne à l’écurie préparer les deux bidets. Ces messieurs arrivent, disent quelques mots à ma sœur qui s’était levée, et nous quittons la maison.
Après être sortis du village, en montant une côte, les voyageurs mettent pied à terre, et, me plaçant entre eux, me questionnent sur ma position, sur mes gages ; ils finissent par me dire que, comme je paraissais intelligent et que je soignais bien les chevaux, ils m’em-