— Ah le malheureux, perdre ses quatre enfants !
Aux cris et aux lamentations de ma sœur, les voisins accourent. Tiens, disent-ils, c’est un enfant du père Coignet qui est retrouvé. — Mes petits camarades se jettent à mon cou. — Moi, je me mets aussi à pleurer. — Ne pleure pas, mon enfant, reprennent ces messieurs, nous l’emmènerons et nous ne t’abandonnerons pas, nous.
Mon père finit par entendre tout ce bruit et il vient.
— Le voilà ! le voilà, ce père Coignet qui a perdu ses quatre enfants, crie-t-on de toute part.
Et moi de lui dire : Père sans cœur, qu’avez-vous fait de vos quatre enfants. Allez donc chercher cette marâtre qui nous à tant battus. Qu’elle vienne aussi.
— C’est vrai ! c’est vrai, répondent les habitants. C’est un mauvais père : et sa femme est encore plus méchante que lui.
Les cris redoublent : tout le monde me serre et m’embrasse.
L’un de ces messieurs qui me tenait par le bras, s’écrie : Allons, il est temps que cela finisse. Monte sur ce cheval et partons. — On me dit adieu. Nous traversons le village entre deux haies d’hommes et de femmes. Et chacun chapeau bas ; les femmes faisant la révérence à ces beaux messieurs ! moi je tenais mon petit chapeau à la main, et je pleurais à chaudes larmes. J’entendais de toutes parts : adieu, mon enfant, bon voyage ! bon voyage ! — Mais les chevaux prennent le