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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/33

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et nous revînmes à Coulommiers avec 98 chevaux magnifiques. C’est là que je fus à une rude épreuve : car il fallait dresser tous ces chevaux. Au bout de deux jours on les mit au manége ; ils se cabraient, ils faisaient des bonds épouvantables. Néanmoins, on finit par les réduire et les rendre bien dociles. — Je n’avais pas un moment de repos. Tantôt j’étais au manége, tantôt je menais les plus doux aux char-à-bancs ou au cabriolet. Nous les conduisions quelquefois dans les plaines, au milieu des terres labourées. Ils étaient bien sots sur ce sol mouvant. Je les tenais très-sévèrement. Si je flattais les dociles, je corrigeais les mutins. Je les fatiguais de telle sorte, qu’une fois rentrés à l’écurie, ils dormaient comme un pauvre qui a sa besace pleine de pain. — Ainsi, pendant deux mois, sans aucune relâche ! j’étais exténué, j’avais la poitrine brisée, je crachais le sang.

M. Potier écrivit à ces gros matadors de pairs que leurs chevaux étaient prêts. — Au lieu de répondre, ils arrivent avec de belles calèches et des domestiques tout galonnés. M. Potier les reçut chapeau bas, et les conduisit au salon, où des rafraîchissements étaient servis. Madame parut un instant. Comme elle avait un port majestueux ! — Tous ces gros ventres se levèrent pour la saluer. — Ils échangèrent quelques mots. — Elle leur demanda s’ils lui feraient l’honneur d’accepter son diner. — Ils acceptèrent et elle se retira.

M. Potier me fit appeler et me commanda de dire